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L'Atelier du Roman n° 87
Morgan Sportès – Du fait divers à l’histoire et vice versa
Il y a vingt-trois ans, on pouvait lire dans l’Ouverture du premier numéro de L’Atelier du roman (Hermann Broch): «Un seul pari à tenir: sortir complètement de la tradition “dossier”, aller directement au but, ouvrir la porte de l’atelier, y faire irruption, sans préliminaires, sans savantes et inutiles notes biographiques, sans fouilles dans la vie privée de l’artiste et, surtout, sans terroriser les lecteurs avec l’érudition des fichiers. Telle est la ligne à suivre pour tout notre travail.»
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Il serait probablement difficile de trouver aujourd'hui en France un autre romancier disposant d’une palette thématique aussi large que Morgan Sportès. Connu du grand public grâce à l’adaptation cinématographique par Bertrand Tavernier (Ours d’or de Berlin) de son roman L’Appât (1990), Sportès construit depuis trente-cinq ans une œuvre romanesque à la fois populaire, exigeante sur le plan artistique et multiforme.
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Ce qui se raréfie de nos jours, ce sont les artistes qui ambitionnent d’avoir une emprise sur le monde, une vision du monde. Une vision du monde! Des fantaisies de l’ancien monde, n’est-ce pas? Maintenant c’est le «divin marché» (Dany Dufour) qui règne et règle la vision de tous les citoyens.
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Merci, Jean-Jacques. Même si votre dessin de la couverture ne provoque pas l’effet souhaité, nous protéger des agélastes, cela nous suffit.
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De l’Inde (Yves Lepesqueur) à Cuba (Massimo Rizzante) en passant par la France (Fanny Taillandier), nos chroniqueurs – sans consultation préalable, sans connaître la matière principale – ont tissé la toile de fond sur laquelle se joue l’œuvre de Morgan Sportès.
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L’ordre des rubriques perturbe l’ordre naturel des choses. C’est-à-dire qu’il est préférable de lire d’abord les deux nouvelles de Bernard Dilasser et ensuite l’article que lui consacre Claire Tencin.
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Aujourd’hui, la destruction et les horreurs sont peut-être la seule source d’espoir puisqu’elles expriment de manière impitoyable l’insatisfaction de l’homme face à lui-même et à sa propre vision du monde, ainsi que son désir de changement. Son désir de comprendre et de pardonner, aussi paradoxal que cela puisse paraître.
Viivi Luik, Le Petit Placard de l’homme, 1998.
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On pouvait encore lire dans cette même Ouverture du premier numéro de L’Atelier du roman, il y a vingt-trois ans: «Nous n’aimons ni les “retours à” ni les manifestes. Nous voulons tout simplement prendre de la distance, nous éloigner un peu de la navette dans laquelle semblent être embarqués critiques, romanciers et public.» De la distance… Cela peut être à la manière de Boniface Mongo-Mboussa (chercher à identifier la ville natale de l’aïeul africain de Pouchkine), ou de Maxence Caron (Beckett), ou de Thibault Ulysse Comte (réfléchir sur nos rapports au passé), ou de Romain Debluë (Millet), ou de Patrice Charrier (partir en Amérique avec Georges Duhamel), ou de Gérald Sibleyras (rire avec nos semblables, nos frères).
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Qu’il regarde du côté de l’actualité ou de la grande Histoire, qu’il s’arrête sur sa vie intime ou qu’il rouvre des dossiers « classés », Morgan Sportès n’écrit pas pour écrire, ne suit pas les modes et les tendances littéraires concoctées d’avance. Il met en scène sa vision du monde.
Lakis Proguidis
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