Couverture du n° 94 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 94

Le Triomphe de Thomas Zins

Bon an mal an, on trouve toujours un roman pour lui accorder le qualificatif de chef-d’œuvre. Et quand, un jour, le vrai chef-d’œuvre apparaît, il n’y a presque personne pour le signaler.
Ainsi, pour L’Atelier du roman, revenir sur Le Triomphe de Thomas Zins de Matthieu Jung, un an après sa publication aux Éditions Anne Carrière, était une sorte de devoir.
Réunir plusieurs sensibilités différentes autour de la même œuvre constitue une sorte de dialogue esthétique – de nos jours plus que nécessaire. Car c’est par le croisement de nos lectures que les romans s’enrichissent et peuvent tenir face aux puissances de l’éphémère.
Dans le reste de la matière, ce dialogue prend d’autres formes (critiques, nouvelles, chroniques et réflexions libres) et bifurque aussi vers des districts extra-romanesques (la poésie, la danse), sans jamais perdre le lien avec les dessins humoristiques de Sempé.

 

 

Couverture du n° 94 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 94

Le Triomphe de Thomas Zins

Bon an mal an, on trouve toujours un roman pour lui accorder le qualificatif de chef-d’œuvre. Et quand, un jour, le vrai chef-d’œuvre apparaît, il n’y a presque personne pour le signaler.
Ainsi, pour L’Atelier du roman, revenir sur Le Triomphe de Thomas Zins de Matthieu Jung, un an après sa publication aux Éditions Anne Carrière, était une sorte de devoir.
Réunir plusieurs sensibilités différentes autour de la même œuvre constitue une sorte de dialogue esthétique – de nos jours plus que nécessaire. Car c’est par le croisement de nos lectures que les romans s’enrichissent et peuvent tenir face aux puissances de l’éphémère.
Dans le reste de la matière, ce dialogue prend d’autres formes (critiques, nouvelles, chroniques et réflexions libres) et bifurque aussi vers des districts extra-romanesques (la poésie, la danse), sans jamais perdre le lien avec les dessins humoristiques de Sempé.

 

 

Sommaire

Couverture du n° 94 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 94

SOMMAIRE

Le triomphe de Thomas Zins, de Matthieu Jung
Une chute sans fin

François Taillandier, Ce roman…
Charles Villalon, Un pays sans consolation
Reynald Lahanque, Le contrepoint indochinois
Romaric Sangars, Démonologie du Triomphe
Lakis Proguidis, Ces enfants intégrés
Olivier Maulin, L’épisode indochinois: un roman dans le roman
Florent Georgesco, Le diable porte des espadrilles
Cyril de Pins, Le lycéen de Nancy ou les malheurs d’un provincial
Dominique Noguez, Commentaire éclaté d’un roman éclatant

À la une: Boniface Mongo-Mboussa

Critiques
Mojmír Grygar, Les Buddenbrook: le roman et le film
Jean-Yves Masson, Lettres ultimes – L’Épistolier d’autrefois, de Germont
Romain Debluë, Paul Claudel interroge le roman
Thierry Gillybœuf, La démocratie dans la baignoire – Dans les eaux profondes, d’Akira Mizubayashi

Les cahiers de l’Atelier
Natalia Tolstoï, Le mouvement des femmes
Benoît Heurtel, Le cauchemar de Goethe
Éric Alter, Nous sommes des images qui passent

À la une : Yves Lepesqueur

De près et de loin
Mounir Zakriti, Remuer Ciel et Terre
Gaëtan Brulotte, De la souffrance (Quelques notes)
Florent Duffour, Danser contre les femmes (tout contre)

Au fil des lectures

François Taillandier, N’importe quoi au hasard

Ouverture

Couverture du n° 94 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 94

Ouverture

Le triomphe de Thomas Zins, de Matthieu Jung
Une chute sans fin

Bon an mal an, on trouve toujours un roman pour lui accorder le qualificatif de chef-d’œuvre. Et quand, un jour, le vrai chef-d’œuvre apparaît, il n’y a presque personne pour le signaler. Ainsi, pour L’Atelier du roman, revenir sur Le Triomphe de Thomas Zins de Matthieu Jung, un an après sa publication aux Éditions Anne Carrière, était une sorte de devoir. Il fallait préserver de l’oubli ce travail colossal où se combinent originalité formelle et plaisir romanesque avec une maîtrise extraordinaire. Ce qui n’arrive que très rarement de nos jours. C’est le constat commun de tous les collaborateurs, que je tiens à remercier.

La revue est par excellence le lieu de l’essai, dans tous les sens du terme: un lieu où la pensée, l’écriture, le style, la théorie, la critique, la création se mettent à l’épreuve, acceptent de se donner comme inachevés, partiels, encore en voie de formation, et donc sujets à d’éventuelles révisions et contradictions. Écrire dans une revue, de même que lire une revue, c’est consentir à cette mouvance, à ce déploiement de l’esprit dans le temps, parmi les aléas des circonstances et du changement: work in progress.
Mais est-ce que je ne parle pas d’une chose devenue de plus en plus rare, de plus en plus improbable, dans les nouvelles conditions qui sont faites aujourd’hui à ce que nous appelions alors la «littérature»?
François Ricard, La Littérature malgré tout, Boréal, 2018.

Au café: «Alors, Jean-Yves, que nous proposez-vous pour cette rentrée? – Un formidable roman de Germont. À mon avis il s’agit d’une œuvre qui mérite d’être largement connue mais je crains qu’elle ne passe inaperçue… – Vous pouvez toujours en parler dans les pages de L’Atelier, vous savez. – Mais j’en suis l’éditeur. – Raison de plus. Nous sommes nombreux à vouloir connaître ce que pensent les éditeurs à propos de ce qu’ils publient.»

Il y a un certain temps, un éditeur nous faisait remarquer que nous parlons trop peu de romans publiés en France, année après année. Normal, ai-je répondu. Pour une revue dont l’ambition est de stimuler le dialogue esthétique autour de l’art du roman, son premier souci n’est pas de suivre la production éditoriale. C’est de donner la parole aux écrivains et aux critiques littéraires pour exposer ce qui, concernant ledit art, compte selon eux déjà ou doit compter dans l’avenir.
Il faut de tout pour faire un dialogue esthétique. Il faut se souvenir de Thomas Mann (Mojmír Grygar), revenir à Goethe (Benoît Heurtel), se pencher sur les propos d’Akira Mizubayashi (Thierry Gillybœuf), expliquer les rapports de Claudel au roman (Romain Debluë) et défendre Senghor (Boniface Mongo-Mboussa). Il faut parler des femmes (Natalia Tolstoï, Yves Lepesqueur), réfléchir sur la souffrance (Gaëtan Brulotte), observer les humains en train de se perdre dans leurs propres rêves (Éric Alter), danser (Florent Duffour), se souvenir de la poésie médiévale (François Taillandier) et, surtout, ne pas se prendre au sérieux – merci à Jean-Jacques Sempé. Bref, il faut remuer ciel et terre (Mounir Zakriti) et faire beaucoup d’autres choses encore. D’où le fait qu’une revue littéraire ne se limite pas à un seul numéro.

Un homme qui s’attache aux harmonies, qui n’associe les étoiles qu’avec les anges, ou les agneaux avec les fleurs printanières, risque d’être bien frivole, car il n’adopte qu’un seule mode à certain moment ; et puis ce moment une fois passé, il peut publier le mode en question. Mais un homme qui tâche d’accorder des anges avec des cachalots doit, lui, avoir une vision assez sérieuse de l’univers.
G. K. Chesterton, in L’Ange et le cachalot, de Simon Leys.

Précisons: primo, le dialogue esthétique n’est pas un débat. Nous ne distribuons pas des rôles d’avance d’après je ne sais quelles appartenances de nos auteurs. Secundo, le dialogue esthétique n’a rien à faire avec la recherche universitaire. Nous ne visons pas à l’analyse des œuvres, mais à leur approfondissement par lectures interposées. Nous discutons dans le but de devenir des lecteurs un tant soit peu moins superficiels.

Tant qu’il y aura des revues, nous tenons la preuve que la vie littéraire ne sera pas entièrement alignée au calendrier éditorial.
La Ve Rencontre de Thélème sur la liberté aura lieu les 6 et 7 octobre à l’abbaye de Seuilly (Touraine). Cette année le sujet proposé par Belinda Cannone est: «L’identité contre la liberté».
L. P.