Couverture du n° 112 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 112

François Ricard – La littérature comme amitié

 

Si selon Gaëtan Picon le travail du critique consiste à la découverte de la valeur esthétique des œuvres commentées, François Ricard en est la plus brillante illustration. Un an après sa mort, nous rendons hommage à un essayiste, critique littéraire et historien de la littérature parmi les plus importants des cinq ou six dernières décennies. Un hommage avec l’émotion et la gratitude dues à un ami et collaborateur de la revue depuis sa fondation, il y a trente ans. Son héritage est immense. Plusieurs écrivains s’inspirent de son œuvre. Ils y trouvent le sentiment de l’amitié dont a besoin l’art pour qu’il consente à nous parler. On peut avoir une idée de cette amitié par les deux textes de François Ricard repris dans ce numéro.
Par ailleurs, chroniques et autres articles inclus, l’ensemble est placé sous le signe de la critique littéraire – de la critique littéraire comme activité de l’esprit qui tisse des liens forts, indestructibles entre les êtres humains et l’art.

Couverture du n° 112 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 112

François Ricard – La littérature comme amitié

 

Si selon Gaëtan Picon le travail du critique consiste à la découverte de la valeur esthétique des œuvres commentées, François Ricard en est la plus brillante illustration. Un an après sa mort, nous rendons hommage à un essayiste, critique littéraire et historien de la littérature parmi les plus importants des cinq ou six dernières décennies. Un hommage avec l’émotion et la gratitude dues à un ami et collaborateur de la revue depuis sa fondation, il y a trente ans. Son héritage est immense. Plusieurs écrivains s’inspirent de son œuvre. Ils y trouvent le sentiment de l’amitié dont a besoin l’art pour qu’il consente à nous parler. On peut avoir une idée de cette amitié par les deux textes de François Ricard repris dans ce numéro.
Par ailleurs, chroniques et autres articles inclus, l’ensemble est placé sous le signe de la critique littéraire – de la critique littéraire comme activité de l’esprit qui tisse des liens forts, indestructibles entre les êtres humains et l’art.

Sommaire

SOMMAIRE

Couverture du n° 112 de L'Atelier du RomanL'Atelier du Roman n° 112

François Ricard – La littérature comme amitié

 

 

SOMMAIRE

Ouverture

André Major, L’ami prodigieux
Milan Kundera, Préface à La Littérature contre elle-même
Massimo Rizzante, Le critique face au décor de l’être
Isabelle Daunais, La modestie et le roman
Boniface Mongo-Mboussa, L’autre face de la littérature
Yannis Kiourtsakis, La beauté malgré tout
Dominique Fortier, La littérature pour elle-même
Thomas Pavel, Jeunesse, contestation, obéissance
Marek Bieńczyk, Si par une nuit d’hiver François
Michel Biron, L’ébranlement de l’essayiste
François Taillandier, Un peu moins bête…
Raphaël Arteau Mcneil, La beauté fantôme
Olivier Maillart, Cheminer en bonne compagnie
Yannick Roy, Une leçon de modestie
Trevor Cribben Merrill, Petite poétique du roman
Lakis Proguidis, Un éclair dans le brouillard
Dates et œuvres

À la une : Olivier Maulin

Reprises
François Ricard, Le relais européen
François Ricard, L’atelier de Gabrielle Roy

À la une : Yves Lepesqueur

De près et de loin
Christopher Dominguez Michael, Qu’est-ce qu’un critique littéraire ?
Samuel Bidaud, Plaisir de la critique
Jacques Dewitte, Un enfant du vingtième siècle

À la une : Boniface Mongo-Mboussa

 

Ouverture

OUVERTURE

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François Ricard – La littérature comme amitié

 

 

Avec ce numéro nous rendons hommage à François Ricard, mort il y a un an. Notre dette envers François Ricard est immense. Il a été un ami cher, un collaborateur régulier depuis la fondation de la revue et, surtout, l’un de ses principaux inspirateurs. En sa personne s’incarnait l’idéal de L’Atelier du roman : animer une vie littéraire comme création, joie et ouverture à l’inconnu.

Je tiens à remercier de tout cœur Marcelle Cossette-Ricard et Isabelle Daunais pour leur aide inappréciable et, aussi, tous ceux qui ont participé à cet hommage.

François Ricard incarnait également l’esprit cosmopolite de la revue. Esprit qu’il ne faut pas confondre avec la libre circulation sur toute la Terre des élites culturelles déracinées. Le cosmopolitisme tel que François Ricard l’a vécu et tel que L’Atelier du roman le revendique consiste en un dialogue des valeurs artistiques dans le monde entier sans tenir compte de la taille, ni de la puissance des différents pays, ni du nombre de ceux qui parlent telle ou telle langue.

Deux reprises. Les Éditions de Boréal (Montréal), que nous tenons à remercier, ont eu l’amabilité de nous autoriser à reprendre ici un article de François Ricard faisant partie de La Littérature contre elle-même. Et nous reproduisons aussi l’article que François Ricard a écrit pour le numéro 62 de L’Atelier du roman (juin 2010) consacré à Gabrielle Roy.

Parfois nous publions des articles et des chroniques qui ne portent directement ni sur le roman (l’art) ni sur les romans (les œuvres). Mais il s’agit d’écrits romanesquement valables. Car ils s’écartent de la doxa. Ici la doxa autobiographique (Jacques Dewitte), la doxa écologique (Yves Lepesqueur) et la doxa commerciale (Olivier Maulin).

Nous ne les avons jamais connus.
C’était l’espoir, au fond de nous,
Qui disait que nous les avions dès notre enfance connus.
Nous les avons vus deux fois, peut-être, puis ils gagnèrent leurs bateaux ;
Cargos de charbon, cargos de céréales, et nos amis
Disparus de l’autre côté de l’océan, pour jamais.
L’aube nous retrouve près de la lampe fatiguée
À dessiner avec effort sur le papier, maladroitement,
Des navires, des sirènes et des coquillages.
Le soir nous descendons vers le fleuve
Parce qu’il nous désigne le chemin de la mer
Et nous passons nos nuits dans des sous-sols qui sentent le goudron.

Nos amis sont partis.
Peut-être ne les avons-nous jamais vus,
Peut-être les avons-nous rencontrés quand le sommeil encore
Nous menait près de la vague qui respire,
Peut-être les cherchons-nous parce que nous cherchons cette vie autre
Au-delà des statues
. Georges Séféris, Mythologies V1, 1934.

Et, à l’occasion, soulignons le fait que la critique littéraire, comme toute création humaine, a son histoire (Christopher Domínguez Michael) et qu’elle est un plaisir de l’esprit parmi les plus exquis (Samuel Bidaud).

Ce n’est pas parce qu’y foisonnent les inventaires qu’une littérature doit nécessairement être assurée d’elle-même. Et ce n’est pas non plus parce que son nom figure dans un dictionnaire d’auteurs qu’un individu doit se considérer une fois pour toutes comme un écrivain. Tout cela peut fort bien tenir du vœu plutôt que de la réalité. Et tous les vœux, surtout pieux, ne sont pas forcément exaucés.
François Ricard, La littérature contre elle-même, 1985.

L’œuvre de François Ricard est considérable. Non seulement en essais littéraires, articles, chroniques, entretiens, comptes rendus, études et ouvrages historiques et philologiques, mais aussi en décennies d’enseignement universitaire et de travail éditorial, à quoi il faut ajouter des émissions radiophoniques, des recherches pointues dans différents domaines du savoir, ses correspondances et discussions amicales interminables. C’est extraordinaire le temps qu’on gagne quand on évite les colloques, les mondanités et les manifestations culturelles de la promotion.
L. P.

1. Georges Séféris, Poèmes (1933-1955), traduit du grec par Jacques Lacarrière et Égérie Mavraki. Préface d’Yves Bonnefoy, postface de Gaëtan Picon, Mercure de France, 1988.