Depuis 30 ans, une revue littéraire sur l'art du roman.
Cliquer pour agrandir
L'Atelier du Roman n° 118
Du langage dit inclusif
En absence des principaux intéressés, les écrivains, le langage dit inclusif se répand partout. De l’université au commerce et de l’administration à la publicité, rien n’est épargné. En absence des écrivains, à savoir de ceux dont la parole en la matière fait, a priori, autorité, on essaie d’imposer à l’ensemble de la société une conception de la langue étrangère à tout savoir établi et approuvé, et d’inventer des applications oscillant entre l’absurde et le ridicule. Il est urgent d’en discuter ; c’est notre devoir. La langue est notre maison et le trésor que nous ont légué les générations qui nous ont précédé. De tous les sujets qui doivent faire débat dans toutes les couches de la population, celui du langage dit inclusif est d’une priorité absolue. Il va de la survie de notre société.
Et puis, nous parlons aussi des œuvres romanesques importantes (Kundera, Wallace) et, dans nos chroniques, cosmopolitisme oblige, nous survolons le monde de Los Angeles à Varsovie en passant par Montréal et le Cameroun. .
En librairie : 3 octobre 2024. 192 pages.
Actualité
Nous venons d'apprendre avec plaisir que le prix Nobel de la littérature a été attribué à Han Kang.
Plaisir justifié du fait que nous avions publié dans notre 97e numéro (juin 2019) un article de fond de notre collaborateur Miguel Gallego Roca sur La Végétarienne, que nous republions ici.
L’IMAGINATION VÉGÉTALE
La Végétarienne, un roman en trois temps de Han Kang
Miguel Gallego Roca
La Végétarienne est un roman de l’écrivaine coréenne Han Kang. Publié en 2007, il connaît une deuxième vie internationale grâce à ses traductions en anglais – il a remporté le prix international Man Booker en 2016 –, en français, en espagnol, en italien et en allemand. La protagoniste du roman, Yonghye, décide un jour d’arrêter de manger de la viande. Puisque cette décision s’accompagne d’autres changements dans la vie quotidienne de la jeune femme, comme par exemple de ne plus cuisiner pour son mari, d’éviter le sexe (« l’odeur de la viande. Ton corps pue la viande », répond-elle à son mari quand elle refuse de coucher avec lui), de parler le moins possible, de dormir à peine ou de se déshabiller en face du soleil, la situation crée un climat d’inquiétude et de tension dans la famille. Une atmosphère qui rappelle l’irritabilité de la famille de Gregor Samsa. Une famille coréenne, d’ailleurs, très passionnée par la viande. L’hybris se déclenche lorsque le mari de Yonghye, médiocre employé d’une société, commence à perdre patience et réunit la famille à l’occasion d’un repas. Tout le monde essaie de persuader Yonghye de goûter différents plats préparés avec de la viande. Yonghye n’ouvre pas la bouche, elle ne réagit pas, elle se limite à répéter sans cesse qu’elle ne mange pas de viande. Le père, un vétéran de la guerre du Vietnam, con- sidère la décision de sa fille comme un caprice qui compromet l’honneur de la famille. Puis, comme il l’a fait à plusieurs reprises, il recourt à la violence : il la gifle devant tous et tente de lui mettre par la force un morceau de viande dans la bouche.
Précédents numéros
Cliquer pour agrandir